Amicale de Mauthausen

Informations générales

Le camp de concentration de Mauthausen, créé en 1938, peu après l’annexion de l’Autriche par le Reich nazi, est situé à l’aplomb d’une vaste carrière de granit. Celle-ci et son redoutable escalier aux 186 marches furent, jusqu’en 1943, le lieu emblématique de l’épuisement au travail et de l’assassinat des détenus.

Une cinquantaine de camps annexes furent implantés sur le territoire de l’ex-Autriche, la plupart à partir de 1943, lorsque l’enfouissement des usines d’armement devint pour les nazis une priorité : outre Gusen, le plus important (dès 1940), citons Wiener Neustadt, Zipf, Steyr, Loibl Pass, Ebensee, Melk. Les conditions de détention y furent aussi mortifères qu’à Mauthausen. Les nazis assassinèrent aussi par gazage des détenus devenus inaptes au travail : camions à gaz, chambre à gaz au camp central et au centre de mise à mort de Hartheim.

Mauthausen = 200.000 déportés de toute l’Europe occupée (dont 10.000 Français), principalement pour actes de résistance ou comme main d’œuvre esclave. On estime que 120.000 détenus y sont morts. Le camp fut libéré par l’armée américaine le 5 mai 1945. Le bilan humain doit aussi prendre en compte les lourdes séquelles physiques et psychiques que les rescapés ont portées leur vie durant.

L’Amicale de Mauthausen fut créée à Paris en octobre 1945. Dès l’origine, elle accueillit aussi les survivants républicains espagnols. Plus de 7.000 avaient été déportés depuis la France, presque tous en 1940 et 1941, dont deux mille survécurent, la plupart revenus en France pour un second exil, puisque Franco, installé au pouvoir à Madrid grâce à l’appui militaire de Hitler et Mussolini, n’en avait pas été chassé par les Alliés en 1945. L’Amicale eut pour première tâche de soutenir les familles de disparus, aider aux démarches administratives. Surtout, elle préserva le lien de solidarité tissé, dans des conditions extrêmes, par les déportés : retrouvailles, souvenir des camarades assassinés, message des survivants à la société contemporaine.

En 2000, les déportés ont confié l’Amicale aux générations plus jeunes. L’association demeure fidèle aux activités originaires, en particulier les voyages sur les sites de Mauthausen et la concertation, au sein du Comité international de Mauthausen, avec les nations qui en portent la mémoire douloureuse. Des orientations nouvelles se sont affirmées, tournées plus spécialement vers l’Éducation nationale : exposition photographique itinérante, publications, découverte du camp, etc. En Autriche comme dans la société française, la mémoire du système concentrationnaire nazi demeure une tâche mobilisatrice, qui ne détourne en rien des autres combats en faveur de l’humanisme.